Industrie 4.0 : pourquoi l’industrie aéronautique doit se réinventer

La pression sur la production aéronautique ne fait qu’augmenter, dopée par un flot toujours plus important de voyageurs. Pour augmenter la productivité des usines, le passage à l’industrie 4.0 apparaît aujourd’hui comme la meilleure solution.

L’aéronautique est un secteur extrêmement florissant, porté par une augmentation continue du trafic des voyageurs dans le monde. En 2016, 3,8 milliards de passagers ont emprunté l’avion. Ce chiffre devrait doubler dans les 20 prochaines années.

Pour accueillir cette nouvelle foule de voyageurs, les compagnies aériennes doivent augmenter leur flotte d’appareils…et les constructeurs, la cadence de leurs usines. On attend ainsi une croissance de la production des aéronefs de 10% par an. Comment répondre à ce défi ? Pour Pascal Brier, directeur général d’Altran, en charge de l’innovation, la solution est simple : il est temps de passer à l’industrie 4.0.

Un défi majeur : augmenter la performance des usines

Les deux fournisseurs aéronautiques principaux que sont le français Airbus et l’américain Boeing ont leur carnet de commande rempli pour les 10 prochaines années. Si bien qu’en France, l’aéronautique est la première industrie créatrice de revenus en matière d’exportation. Mais ce succès a des conséquences inattendues…

« Contrairement à l’automobile, l’aéronautique n’a pas toujours été une production de volume. »

Pascal Brier, Directeur Général d’Altran, en charge de l’innovation

Les constructeurs font aujourd’hui face à un défi paradoxal : l’augmentation des commandes met en danger leurs capacités de production. Il y a un réel enjeu de performance. « Contrairement à l’automobile, l’aéronautique n’a pas toujours été une production de volume. Elle n’a donc pas la même robotisation, pas la même maturité industrielle » précise Pascal Brier. À défaut de multiplier le nombre de leurs usines, les constructeurs doivent donc trouver un moyen de les rendre plus efficaces. Le tout dans un contexte tendu d’arrivée de la concurrence internationale, notamment chinoise.

L’industrie aéronautique est organisée en filières : les grands constructeurs commandent leurs moteurs chez un sous-traitant, leur vis chez un autre, etc. La pression sur les livraisons se répercute donc sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et principalement sur les plus petites entreprises. Pour anticiper la montée en cadence de la production, les filières ont pris l’habitude de constituer des stocks tampons. Une logique qui n’est pas pérenne selon Pascal Brier. « Ce calcul est coûteux et surtout dangereux : le moindre retournement de situation peut mettre l’usine au chômage technique si les stocks ne s’écoulent plus pour une raison ou pour une autre ».

 

« On est obligé de créer des ruptures dans la productivité. Il ne s’agit pas de travailler plus mais de s’organiser différemment et d’utiliser de nouveaux moyens de production »

Pascal Brier, Directeur Général d’Altran, en charge de l’innovation

Revoir les technologies de production : l’indispensable passage à l’industrie 4.0 

Pascal Brier l’affirme : cette pression sur la chaîne de production ne peut pas être résolue uniquement par une augmentation incrémentale. « On est obligé de créer des ruptures dans la productivité. Il ne s’agit pas de travailler plus mais de s’organiser différemment et d’utiliser de nouveaux moyens de production ».
C’est tout le principe de l’industrie 4.0 : mettre en place un nouveau mode d’organisation des moyens de production grâce aux nouvelles technologies numériques, logicielles et matérielles. Il s’agit d’utiliser les outils connectés et le Big Data pour rendre les usines intelligentes et faire du smart manufacturing ou « production intelligente ». L’industrie 4.0 pourrait ainsi supporter la montée en cadence des usines en augmentant l’efficacité opérationnelle et la flexibilité de l’ensemble de la chaîne de production.

Une idée qui fait petit à petit son chemin…D’après une étude de Forbes menée en 2015, 50% des industriels de l’aéronautique affirment que la seule manière pour eux de générer de la croissance dans les années à venir est de revoir leurs technologies de production.

« Nous sommes face à une problématique concrète : Airbus a 9 000 avions à livrer dans les 10 ans qui viennent et doit augmenter d’à peu près 40% sa cadence de production. L’industrie 4.0 n’est pas un effet de mode. C’est une solution industrielle viable pour répondre à un problème économique » affirme Pascal Brier.

Découvrez dans cet article comment l’industrie 4.0 peut repenser le modèle de la production aéronautique.

Pascal Brier est, entre autre, en charge d’un World Class Center dédié à l’advanced manufacturing (industrie 4.0, smart manufacturing). Il s’agit d’un centre d’expertise mis en place par Altran pour offrir à ses clients les meilleures possibilités de mise en œuvre de l’industrie 4.0 dans leurs secteurs. Ce World Class Center sera lancé très prochainement.