Les impacts du numérique sur l’industrie de demain

L’industrie s’apprête à vivre une véritable révolution. L’arrivée des technologies numériques l’amène à revoir tout son système de production ainsi que la manière de concevoir ses produits. Voyage dans le futur avec Pascal Brier, directeur général adjoint d’Altran, en charge de l’innovation.

Numérique et connectivité, « cobotique », fabrication additive et réalité virtuelle : la concomitance de ces innovations technologiques crée un environnement cyber-physique qui conduit à repenser entièrement la manière dont fonctionnent les actifs et les processus industriels. L’industrie du futur, c’est l’industrie à l’heure de la révolution numérique, capable de produire plus intelligemment, plus efficacement, plus rapidement, plus sûrement et plus proprement. Pascal Brier identifie quatre grands impacts de la révolution numérique sur le monde industriel.

1. L’amélioration de la performance et de la flexibilité

Étant interconnectés, les moyens de production seront capables, d’une part, de s’autoréguler en réagissant de manière immédiate aux éventuels problèmes, mais aussi de s’autosurveiller par une maintenance préventive rendue possible par les multiples capteurs. Cela signifie une baisse significative des aléas et retards. D’autre part, en ayant la maîtrise totale de leur système de production, les industriels seront en mesure de produire à la demande. L’objectif est celui du « zéro stock », et en conséquence, une réduction drastique des coûts générés par les invendus. Pascal Brier prend l’exemple de l’industrie pharmaceutique : « On peut imaginer que demain, certains médicaments et dispositifs médicaux seront fabriqués à l’unité, selon les besoins des consommateurs. ».

2. L’augmentation de la productivité

Les robots collaboratifs (cobots) vont nettement augmenter la productivité des opérateurs tout en améliorant leur sûreté et leur bien-être. « Par exemple, dans l’industrie aéronautique, il y a souvent des pièces volumineuses ou très lourdes à manipuler et du travail à effectuer à de grandes hauteurs. Demain, explique Pascal Brier, grâce à l’utilisation d’exosquelettes avec bras articulés, les opérateurs pourront réaliser ces tâches sans souffrir du dos ni faire des allers-retours sur des ponts ou échelles. ».

3. La réorganisation massive de la chaîne d’approvisionnement

Les modèles traditionnels de production conduisent parfois à délocaliser une partie des usines pour les rentabiliser : produire beaucoup et à bas prix. La fabrication additive ne connaît pas ce problème : elle est rentable même si elle produit peu de pièces. Son apparition amène donc un changement de paradigme : l’émergence de micro-usines locales. Grâce à l’impression 3D, celles-ci pourront assurer la maintenance et la réparation locale de tous les biens industriels. Cela signifie que demain, s’il manque une pièce à votre voiture, elle pourra être produite directement dans le garage le plus proche de chez vous, plutôt que d’être commandée à l’usine. Pascal Brier s’enthousiasme : « Nous sommes en train d’inventer une économie avec une forme complémentaire aux usines classiques issues du taylorisme. ».

4. La customisation de masse

Henri Ford disait : « Vous pouvez choisir n’importe quelle couleur pour la Ford T, du moment que c’est noir. » L’industrie du futur repose sur le principe inverse : nous entrons dans l’ère de la customisation de masse, où la production répond à la demande, où la réalité virtuelle permet de repousser toujours plus loin les limites de l’imagination. Cela ouvre de grandes possibilités pour des entreprises agiles qui sauront en faire un véritable levier commercial. Évidemment, la transformation numérique n’est pas un exercice simple. Il faut être capable d’identifier les bonnes technologies, de s’assurer l’engagement à la fois des opérateurs et des superviseurs, et de se faire accompagner par des experts. Par ailleurs, comme toutes les révolutions, celle-ci commence silencieusement : nous sommes dans une phase de transition qui devrait encore durer une dizaine d’années. Néanmoins, Pascal Brier l’assure : les industriels doivent se préparer, comprendre les impacts et les enjeux de cette nouvelle révolution. Car le mouvement est lancé, la transformation est en route. L’industrie du futur se conjuguera bientôt au présent.